La Suisse n'est plus la nation la plus riche, l'écart de richesse s'agrandit

Les citoyens suisses ne sont plus les plus riches

                Le taux de change du dollar américain par rapport aux autres devises a été très fort tout au long de 2018 et s'est avéré déterminant sur le rapport annuel de richesse d'Allianz, la compagnie d'assurance allemande. Selon le dernier classement des pays les plus riches, les Suisses ont été éliminés de la première place par les Américains. Les deux pays ont échangé la première place sur la liste au cours des dernières années. Cependant, le rôle déterminant est joué par le taux de change de CHF et USD en EUR, car le rapport est affiché en euro. La force des monnaies nationales détermine souvent quel pays parmi ces deux principaux prétendants vient en tête. À l'échelle mondiale, la richesse financière nette a légèrement baissé à 129,8 billions d'euros, contre 132,5 billions d'euros en 2017. Les analystes d'Allianz attribuent les tensions géopolitiques et l'intensification des échanges qui influencent la baisse des prix à environ 12% l'an dernier pour la diminution des actifs financiers nets dans le monde.

La richesse suisse en chiffres

                La richesse moyenne de la Suisse est estimée à 173 438 EUR (selon le taux de change: 190 087 CHF), alors que la richesse moyenne américaine était de 184 411 EUR. Ce sont des chiffres par habitant, avec une dette moyenne déduite. En matière de croissance de richesse, sans endettement, les Suisses restent les plus riches avec un patrimoine moyen de 266 318 euros contre 227 365 euros aux États-Unis. Mais en raison du fait que le Suisse moyen a plus de dettes, principalement en prêts hypothécaires, la valeur nette de la richesse est plus faible. La Suisse est l'un des pays les plus endettés par habitant d'Europe occidentale avec une dette supérieure à la production économique totale - 127%. Seul le Danemark a un chiffre plus élevé - 134,2%.

Les inégalités grandissent

                Une autre mauvaise nouvelle concernant la richesse de la Suisse est que, même si généralement les Suisses deviennent plus riches, l'écart se creuse entre les ménages les plus pauvres et les plus riches. Les inégalités augmentent selon l'administration fiscale suisse. Les actifs des citoyens les plus riches représentant 1% de la société ont augmenté de près de 43% entre 2003 et 2015, alors que dans le même temps, les actifs des ménages les plus pauvres représentant 75% de leur nombre total n'ont augmenté que de 18,6%. Le total des actifs nets des ménages en Suisse était évalué à la fin de 2015 à 1 792 milliards de CHF, soit une moyenne de 215 166 CHF par habitant. Pas moins de 24,53% des citoyens ont déclaré avoir une richesse nulle, tandis que plus de la moitié - 55,46% ont déclaré avoir moins de 50 000 CHF de richesse. Seuls 5,72% des résidents ont déclaré avoir des actifs supérieurs à 1 million de CHF, tandis que 1% de la population suisse stocke plus de 10 millions de CHF de richesse. Les chiffres ne tiennent pas compte des actifs du compte détenus à l’étranger et des régimes de retraite privés ou professionnels.

Raisons de l'écart de la fortune suisse

                Les raisons de l'accroissement des inégalités de richesse sont, entre autres: des taux d'intérêt bas qui augmentent la valeur des actifs financiers déjà stockés par les plus riches, notamment les prix de l'immobilier. C'est une tendance mondiale. En outre, le facteur global est la forte augmentation observée des salaires des cadres supérieurs alors que les salaires des employés ordinaires restent pour l’essentiel les mêmes. Les citoyens aisés ont un meilleur accès aux meilleurs conseillers en placement afin de pouvoir investir leurs économies et les faire croître. En ce qui concerne les raisons spécifiques à la Suisse, les analystes nomment une politique fiscale controversée imposant un prélèvement sur la valeur nette des personnes étrangères possédant une richesse énorme, au lieu d'imposer leurs revenus. Des impôts moins élevés attirent des résidents étrangers riches en Suisse.