Qu’est-ce que c’est l’Initiative Monnaie Pleine sur laquelle les Suisses vont voter en juin?

De quoi s’agit-il?

L’idée générale est basée sur la théorie invitée par Irving Fisher, un économiste américain, au cours des années 30 du siècle dernier. La monnaie pleine est de l’argent émis par la banque centrale en tant que monnaie légale. Cela signifie que seule la Banque nationale suisse serait en mesure de vendre des francs suisses - ou plutôt de les émettre. Maintenant, l’argent en circulation provient de banques privées qui octroient des prêts, des hypothèques ou d’autres crédits à leurs clients. Par conséquent, ils vendent en quelque sorte des francs suisses à leurs clients, ce qui crée une dette du côté des créanciers. L’initiative « Monnaie Pleine » veut donner à la banque centrale le seul droit de créer de l’argent. Dans un tel système, les banques commerciales ne seraient que des emprunteurs - elles transféraient et distribueraient l’argent qu’elles recevraient de la banque nationale à leurs clients. A ce moment, aucun pays dans le monde n’a un tel système ce qui le fait très innovant selon ses créateurs.

Protection contre les crises

L’initiative vise à réduire le risque de réapparition d’une crise financière comme celle concernant la bulle hypothécaire qui a éclaté aux États-Unis en 2007. Les banques commerciales donnent beaucoup plus d’argent qu’elles n’en possèdent. Les crédits dépassent leurs réserves. Si, hypothétiquement, tous les Suisses et ceux de l’étranger, qui détenaient des CHF dans l’une des banques commerciales, décidaient à un moment donné de les retirer, cette banque ferait simplement faillite. Suivant l’Initiative « Monnaie Pleine », l’argent créé ne sera pas une dette. Il sera couvert en 100% par des réserves de la BNS. Le nouveau système fondé sur la monnaie pleine aurait également de sérieuses répercussions sur le taux de change du franc suisse et des autres monnaies. A ce moment, la valeur de l’argent dépend de leur estime par les gens. Ayant 100 CHF, on croit pouvoir acheter des euros d’une certaine quantité ou des biens d’une certaine valeur au magasin. Mais si la confiance dans le système financier diminue, la valeur de l’argent diminue également. Le système de monnaie pleine éliminerait une telle possibilité.

Rendre la Suisse sa réputation

Les créateurs et les partisans de l’initiative « Monnaie pleine » croient qu’elle pourrait rendre le marché financier suisse sa réputation. A ce jour, seulement 10% de CHF en circulation sont émis par la BNS. La majorité de l’argent disponible sur le marché est empruntée et sans couverture dans les réserves des banques commerciales. Il n’en a pas besoin. La banque peut emprunter de l’argent sans l’avoir en main. D’une part, une telle solution est bonne pour l’économie. Des investissements sont réalisés au niveau institutionnel, entrepreneurial et privé avec des CHF empruntés. D’autre part, cela peut être risqué. Si l’argent est emprunté sans réserve, on peut facilement imaginer ce qui se passera quand la bulle éclate. Les banques deviendront insolvables et la crise financière frappera à nouveau. Les personnes responsables de l’initiative croient que grâce à elle le franc suisse pourrait devenir la devise la plus sûre du monde. Son taux de change serait stable et protégé contre la crise financière. Le système serait transparent. De plus, l’économie deviendrait plus compétitive.

Peu probable

Il est peu probable que l’initiative soit mise en œuvre. Le gouvernement, la BNS et tous les partis sont contre. Leur argument est que l’idée n’a pas été implantée dans aucun autre pays auparavant. L’introduction du système de la monnaie pleine peut être très risquée et peut exposer la Suisse à des coûts et à une incertitude énormes au cours des premiers mois, voire des années, de son fonctionnement. Selon les derniers sondages, seulement 35% des citoyens devraient voter en faveur de l’initiative le 10 juin. Près de la moitié des répondants, 49%, sont contre, tandis que 16% restent indécis. Ce sont les résultats du premier sondage d’opinion. Il reste encore quelques semaines avant le vote, cependant un changement majeur dans les sentiments du public n’est pas très possible.